Banque des sérums antivenimeux : actualités et veille nationale sur les envenimations par serpents exotiques

• DOI: 10.1016/j.toxac.2014.09.009
• Publication Date: 2014-11-20T04:24:36Z
• Authors: D. Boels; C. Gégu; L. de Haro; J.M. Sapori; J.P. Chippaux; P. Quistinic; M.A. Clerc; C. Pénot-Ragon; G. Leboucher; P. Harry
• Keywords: 03 medical and health sciences; 0302 clinical medicine

Introduction L’association banque de serums antivenimeux (BSA) a ete creee en 2003, a l’initiative des laboratoires, museums, centres d’elevage capacitaires de serpents d’origine exotique et du Centre antipoison d’Angers, dans le but d’organiser un reseau mettant en commun les moyens financiers (cotisation annuelle des membres adherents) pour l’obtention de serums antivenimeux. La BSA a participe a la modification de la legislation par le ministere de l’Environnement tenant compte du statut de medicaments pour les serums antivenimeux (SAV) qui desormais sont geres par des pharmacies hospitalieres (actuellement Angers, Lyon et Marseille). La BSA expertise en partenariat et sous le controle de l’Agence nationale de securite du medicament et des produits de sante (ANSM) les autorisations d’importation des SAV. La gestion des SAV fait l’objet d’un protocole decrivant les procedures d’achat, de dispensation et de fourniture ou cession aux etablissements hospitaliers recevant des victimes d’envenimation. L’objectif des partenaires impliques dans ce programme est de favoriser la mise a disposition de SAV dans des conditions optimales de securite et d’efficacite, grâce a une repartition des serums disponibles sur le territoire national dans le cadre d’un reseau entre pharmacies hospitalieres et Centres antipoison. La BSA dispose d’un site web : http://www.banque.antivenins.fr . Resultats Actuellement, la BSA dispose de serums antivenimeux (Viperfav ® , Bothrofav ® , Favafrique ® , Antivipmyn tri ® , Favirept ® ) repondant aux criteres de qualite et de securite virale de la direction d’evaluation de l’ANSM. Ces serums permettent de traiter plus d’une quarantaine d’envenimations (especes europeennes, africaines et americaines) sur les 93 especes recensees sur le territoire. D’autres SAV sont en demande d’autorisation temporaire d’utilisation (especes australiennes, especes asiatiques). Depuis 2007, la BSA a ete sollicitee pour 8 envenimations de professionnels ou d’eleveurs amateurs non capacitaires, parmi lesquelles 4 patients ayant des envenimations de gravite moderee a severe ont beneficie de SAV ( Daboia palestinae , Crotalus polystictus , Naja annulifera , Bothriopsis taeniata ). Pour les 4 qui n’ont pas beneficie d’un SAV de la BSA, un cas concerne une envenimation mineure ( Vipera raddei ) ; 2 cas concernent des envenimations severes avec sequelles par des especes pour lesquelles aucun SAV n’est disponible ( Proatheris superciliaris , Naja naja ) et un cas survenu a l’etranger pour lequel un autre SAV a ete administre avant l’arrivee de celui de la BSA ( Dendroaspis sp. hybride). Les 4 patients traites par les SAV de la BSA ont connu une evolution favorable sans sequelle. Les delais d’acheminement de ces SAV ont toujours ete inferieurs aux 6 h recommandees entre la morsure et la perfusion de l’immun serum. Le suivi a distance de ces patients a confirme la bonne tolerance de ces SAV. Conclusions Les morsures par serpents exotiques bien que rares sont potentiellement severes et surviennent autant chez les professionnels capacitaires que chez des eleveurs illegaux. Les SAV detenus par la BSA couvrent actuellement une quarantaine d’envenimations potentielles a comparer aux 93 especes recensees officiellement et au nombre certainement plus important d’especes non declarees sur le territoire. Dans les 4 envenimations traitees, les SAV ont ete cliniquement efficaces sur des especes n’entrant pas dans leur elaboration mais en raison d’une paraspecificite par un mecanisme de croisement antigenique. Le fonctionnement de la BSA a pu etre teste a plusieurs reprises et montre l’efficacite de la structure. Le fonctionnement actuel en reseau a permis de reduire les couts de reapprovisionnement dus a la peremption et de reduire les delais d’acheminement sur le territoire. La BSA et son reseau d’experts, notamment les membres de l’association, permettent egalement de recenser les especes venimeuses en France, d’optimiser la prise en charge des envenimations et de contribuer a la collecte par les CAPTV des envenimations a des fins de toxicovigilance et de veille sanitaire.